INITIATION AU KIKONGO : LEÇON DE GRAMMAIRE (PREMIÈRE PARTIE).
NOTE PRÉLIMINAIRE.
Le Kikongo utilise toutes les lettres de l’alphabet romain, sauf les lettres « q », « r » et « x » qui sont inusitées, même si la lettre « r » peut apparaître dans certains mots « Lari ».
En Kikongo le « u » se prononce « ou », le « s » se prononce « ç »quel que soit son emplacement dans le mot et le « g » se prononce « gue » lorsqu’elle est précédée de la lettre « n » et « ghe » si ce n’est pas le cas et ceci uniquement lorsque la lettre qui suit est la voyelle « a », « e » ou « o », si la lettre qui suit est la voyelle « i » ou « u », le « g » se prononce « gue ».
Les lettres « y » et « w » qui sont utilisées comme voyelles en Kikongo peuvent aussi devenir des consonnes lorsqu’elles se situent en début de mot ou qu’elles sont précédées respectivement des lettres « n » et « m » .
- LEÇON DE CONJUGAISON.
Ce chapitre n’a pas pour ambition de vous donner une étude complète de la grammaire Kikongo, mais uniquement de vous donner quelques notions de base qui vous permettront de vous initier à la langue Kikongo. Si vous souhaitez approfondir vos connaissances avec plus de détails sur les différentes formes grammaticales présentées ici, reportez-vous aux ouvrages spécialisés.
1.1. L’infinitif des verbes Kikongo:
Le verbe Kikongo à l’infinitif se caractérise par le préfixe « ku » qui précède le radical du verbe, lequel radical se termine toujours par la lettre « a »
Exemple : ku-dia (manger)
1.2. Le verbe « être » (mpanga ya « kuba » evo ya « kukala ») :
Remarque :
Dans toutes les formes de conjugaison que nous présentons, s’agissant des troisièmes personnes du singulier et du pluriel relatifs aux choses, il faudrait remplacer :
- le préfixe « ki » indiqué ici dans le verbe conjugué au singulier par « di », « ku », « lu », « wu » ou par « yi » pour s’accorder au préfixe du sujet qui remplace « kima »,
- le préfixe « bi » indiqué ici dans le verbe conjugué au pluriel par « ma/me », « mi » ou par « zi/ze/za » pour s’accorder au préfixe du sujet qui remplace « bima ».
1.2.1. Forme générale du verbe « être » au présent :
– (mono) ngiena : je suis
– (ngeye) wena : tu es
– (yandi) wena : il (elle) est
– (kima) kiena : il (elle/c’) est
– (beto) tuena : nous sommes
– (beno) luena : vous êtes
– (bawu) bena : ils (elles) sont
– (bima) biena : ils (elles) sont
Remarque :
Nous remarquons que dans cette conjugaison, le verbe « être » (« kuba » ou « kukala ») n’apparaît pas, c’est normal, car en réalité le verbe qui est conjugué ici c’est le verbe « kuena/kuwena » qui veut aussi dire « être » mais qui n’est utilisé que dans cette forme ou pour servir d’auxiliaire au verbe « être » lui-même.
Pour retrouver le verbe « être » (« kuba » ou « kukala ») dans sa conjugaison au présent, il faudrait le conjuguer dans la forme immédiate du présent pour obtenir ce qui suit :
– (mono) mbele/nkele : je suis
– (ngeye) bele/kele : tu es
– (yandi) bele/kele : il (elle) est
– (kima) kibele/kikele : il (elle/c’) est
– (beto) tubele/tukele: nous sommes
– (beno) lubele/lukele: vous êtes
– (bawu) babele/bakele : ils (elles) sont
– (bima) bibele/bikele : ils (elles) sont
1.2.2. Verbe « être » au futur :
– (mono) ngiena/ngina ba/kala : je serai
– (ngeye) wena/wuna ba/kala : tu seras
– (yandi) wena/wuna ba/kala : il (elle) sera
– (kima) kiena/kina ba/kala : il (elle/ce) sera
– (beto) tuena/tuna ba/kala: nous serons
– (beno) luena/luna ba/kala: vous serez
– (bawu) bena ba/kala : ils (elles) seront
– (bima) biena/bina ba/kala : ils (elles) seront
Remarque :
Dans cette conjugaison, le verbe « kuena/kuwena » qui veut dire « être » est utilisé comme auxiliaire du verbe « être » (« kuba » ou « kukala »).
1.2.3. Verbe « être » à l’imparfait :
– (mono) yabele/yakele : j’étais
– (ngeye) wabele/wakele : tu étais
– (yandi) wabele/wakele : il (elle) était
– (kima) kiabele/kiakele : il (elle/c’) était
– (beto) tuabele/tuakele : nous étions
– (beno) luabele/luakele : vous étiez
– (bawu) babele/bakele : ils (elles) étaient
– (bima) biabele/biakele : ils (elles) étaient
1.2.4. Verbe « être » au passé composé / au passé simple:
– (mono) yaba/yakala : j’ai été / je fus
– (ngeye) waba/wakala : tu as été / tu fus
– (yandi) waba/wakala : il (elle) a été / il (elle) fut
– (kima) kiaba/kiakala : il (elle, ç’) a été / il (elle/ce) fut
– (beto) tuaba/tuakala : nous avons été / nous fûmes
– (beno) luaba/luakala : vous avez été / vous fûtes
– (bawu) baba/bakala : ils (elles) ont été / ils furent
– (bima) biaba/biakala : ils (elles) ont été / ils (elles) furent
Remarque :
La distinction entre le passé composé et le passé simple se fait en fonction de l’intonation utilisée et suivant le contexte auquel cette conjugaison s’intègre.
1.2.5. Le verbe « avoir ».
Le verbe « avoir » découle du verbe « être » en lui associant la conjonction « ye » ou « na » de manière à avoir ceci :
– kuba na/ye : avoir, être avec
– kukala ye/na : avoir, être avec
1.3. Conjugaison des autres verbes :
Exemple : le verbe « manger » qui se traduit par « kudia ».
1.3.1. Conjugaison au présent :
La conjugaison d’un verbe au présent peut se faire de deux manières différentes suivant ce que l’on veut exprimer :
- La forme générale du présent indique que l’action est en train de se dérouler en ce moment et se traduit littéralement par « être en train de » (verbe « kueta/kuweta »).
- La forme immédiate du présent indique que l’action vient juste de se dérouler et se traduit littéralement par « venir de ».
1.3.1.1. Forme générale de la conjugaison d’un verbe au présent.
1.3.1.1.1. Verbe « manger » (« kudia ») au présent :
– (mono) ngieti dia : je mange
– (ngeye) weti dia : tu manges
– (yandi) weti dia : il (elle) mange
– (kima) kieti dia : il (elle/ça) mange
– (beto) tueti dia : nous mangeons
– (beno) lueti dia : vous mangez
– (bawu) beti dia : ils (elles) mangent
– (bima) bieti dia : ils (elles) mangent
1.3.1.1.2. Verbe « manger » (« kudia ») au présent avec insistance.
La forme générale du présent possède une variante pour exprimer l’insistance que l’on fait sur l’action en cours, elle s’obtient en faisant précéder la forme générale du présent par le radical du verbe qui apparaît ainsi deux fois et se conjugue de la manière suivante :
– (mono) dia ngieti dia : je mange (effectivement)
– (ngeye) dia weti dia : tu manges (…)
– (yandi) dia keti dia : il (elle) mange (…)
– (kima) dia kieti dia : il (elle/ça) mange (…)
– (beto) dia tueti dia : nous mangeons (…)
– (beno) dia lueti dia : vous mangez (…)
– (bawu) dia beti dia : ils (elles) mangent (…)
– (bima) dia bieti dia : ils (elles) mangent (…)
A noter : la transformation dans la troisième personne du singulier de « weti » de la forme générale en « keti » dans la forme du présent avec insistance.
1.3.1.2. Conjugaison d’un verbe au présent qui dure :
En remplaçant la terminaison « i » du radical « eti » de l’auxiliaire par la lettre « a », on réaffirme encore plus l’insistance sur l’action qui est en train de se dérouler en ce moment et l’on obtient une variante supplémentaire du présent, ce qui donne pour les deux formes précédentes les conjugaisons suivantes :
1.3.1.2.1. Verbe « manger » (« kudia ») au présent qui dure :
– (mono) ngieta/nita/nta dia : je mange
– (ngeye) weta/uta/ta dia : tu manges
– (yandi) keta/kata dia : il (elle) mange
– (kima) kieta/kita dia : il (elle/ça) mange
– (beto) tueta/tuta dia : nous mangeons
– (beno) lueta/luta dia : vous mangez
– (bawu) beta/bata dia : ils (elles) mangent
– (bima) bieta/bita dia : ils (elles) mangent
A noter : les deux variantes de la conjugaison du verbe auxiliaire « kueta/kuweta » séparés par « / » diffèrent par la durée qu’on attribue à l’action du verbe.
1.3.1.2.2. Verbe « manger » (« kudia ») au présent qui dure avec insistance.
La forme générale du présent qui dure possède une variante pour exprimer l’insistance que l’on fait sur l’action en cours, elle s’obtient en faisant précéder la forme générale du présent par le radical du verbe qui apparaît ainsi deux fois et se conjugue de la manière suivante :
– (mono) dia ngieta/nita/nta dia: je mange (effectivement)
– (ngeye) dia weta/uta/ta dia : tu manges (…)
– (yandi) dia keta/kata dia : il (elle) mange (…)
– (kima) dia kieta/kita dia : il (elle/ça) mange (…)
– (beto) dia tueta/tuta dia: nous mangeons (…)
– (beno) dia lueta/luta dia: vous mangez (…)
– (bawu) dia beta/bata dia : ils (elles) mangent (…)
– (bima) dia bieta/bita dia : ils (elles) mangent (…)
1.3.1.3. Forme immédiate de la conjugaison d’un verbe au présent :
Cette forme du présent exprime que l’action vient juste de se terminer.
Pour le verbe « manger » (« kudia »), la conjugaison se fait de la manière suivante :
– (mono) ndidi : je viens de manger
– (ngeye) didi : tu viens de manger
– (yandi) didi : il (elle) vient de manger
– (kima) kididi : il (elle/ça) vient de manger
– (beto) tudidi : nous venons de manger
– (beno) ludidi : vous venez de manger
– (bawu) badidi : ils (elles) viennent de manger
– (bima) bididi : ils (elles) viennent de manger
1.3.1.3.1. Remarque 1:
La conjugaison d’un verbe dans cette forme immédiate du présent diffère suivant le groupe auquel ce verbe appartient. Pour cette forme de conjugaison, les verbes kikongo se classent dans les différents groupes suivants :
– verbes dont la lettre terminale « a » est remplacée par la lettre « i »,
exemple : verbe « kubakisa » (comprendre) qui se conjugue « mbakisi »
– verbes dont la lettre terminale « a » est remplacée par la lettre « e »,
exemple : verbe « kuzimbakana » (oublier) qui se conjugue « nzimbakane »
– verbes dont la lettre terminale « a » est remplacée par « ele »,
exemple : verbe « kuzola » (aimer, vouloir) qui se conjugue « nzolele »
– verbes dont la lettre terminale « a » est remplacée par « ene »,
exemple : verbe « kukoma » (marteler) qui se conjugue « nkomene »
– verbes dont la lettre terminale « a » est remplacée par « di »,
exemple : verbe « kudia » (manger) qui se conjugue « ndidi »
– verbes dont la lettre terminale « a » est remplacée par « idi »,
exemple : verbe « kubua » (tomber) qui se conjugue « mbuidi »
– verbes dont la lettre terminale « a » est remplacée par « ini »,
exemple : verbe « kunua » (boire) qui se conjugue « n’nuini »/ »nduini »
– verbes qui se terminent par « la » que l’on va remplacer par « di »,
exemple : verbe « kutambula » (accepter) qui se conjugue « ntambudi »
– verbes qui se terminent par « la » que l’on va remplacer par « didi »,
exemple : verbe « kusala » (travailler) qui se conjugue « nsadidi »
– verbes qui se terminent par « ala » que l’on va remplacer par « idi »,
exemple : verbe « kusala » (rester) qui se conjugue « nsidi »
– verbes qui se terminent par « ana » que l’on va remplacer par « eni »,
exemple : verbe « kuvana » (donner) qui se conjugue « mveni »
– verbes qui se terminent par « aba » que l’on va remplacer par « ebi »,
exemple : verbe « kuzaba » (savoir) qui se conjugue « nzebi »
– verbes qui se terminent par « ua » que l’on va remplacer par « olo »,
exemple : verbe « kukondua » (manquer de) qui se conjugue « nkondolo »
– verbes qui se terminent par « ama » que l’on va remplacer par « amane »,
exemple : verbe « kufinama » (s’approcher) qui se conjugue « mfinamane »
– verbes qui se terminent par « ema » que l’on va remplacer par « emene »,
exemple : verbe « kuyema » (têter) qui se conjugue « ngiemene »/ »ngyemene ».
Il existe des cas particuliers pour les verbes se terminant par « ula » ou par « una », c’est lorsque la lettre « u » peut être indifféremment remplacée par « o » sans que le sens du verbe ne change, dans ce cas c’est la lettre « o » qui prend le dessus et ce verbe se retrouve dans le groupe où la lettre « a » terminale est remplacée par la lettre « e »,
exemple 1 : verbe « kuzokula » ou « kuzokola » (perforer) qui se conjugue « nzokole »
exemple 2 : verbe « kuzokuna » ou « kuzokona » (éplucher) qui se conjugue « nzokone »
Il existe par ailleurs des verbes qui n’appartiennent à aucun de ces groupes et qui ont des conjugaisons particulieres. Parmi eux, on trouve les verbes suivants :
– « kuenda » (partir) qui se conjugue : ngiele, wele, wele, kiele, tuele, luele, bele
– « kumona » (voir) qui se conjugue : mbuene, muene, muene, tumuene, lumuene, …
1.3.1.3.2. Remarque 2:
En ce qui concerne le sujet placé devant le verbe, dans cette forme immédiate du présent, on remplace le préfixe « ku » du verbe par :
– la lettre « n » si la consonne qui suit « ku » est d, g, k, n, s, t ou z pour désigner le sujet « je« , exemple : « kudia » qui se conjugue « ndidi » pour dire « je » viens de manger.
– le préfixe « nd » qui prend la place de la consonne qui suit le préfixe « ku » si celle-ci est « n« , comme alternative au cas précédent pour signifier le sujet « je« ,
exemple : « kunua » qui se conjugue « nduini » ou « n’nuini » pour dire « je » viens de boire.
– le préfixe « nd » si la consonne qui suit « ku » est « l » pour désigner le sujet « je« ,
exemple : « kuleka » qui se conjugue « ndekele » pour dire « je » viens de me coucher.
– la lettre « m » si la consonne qui suit « ku » est b, f, p ou v pour désigner le sujet « je« ,
exemple : « bonga » qui se conjugue « mbongele » pour dire « je » viens de prendre.
– le préfixe « mb » si la consonne qui suit « ku » est « m » pour désigner le sujet « je« ,
exemple : « kumona » qui se conjugue « mbueni » pour dire « je » viens de voir.
– le préfixe « ng » si la lettre qui suit « ku » est i, e, y ou w pour désigner le sujet « je« ,
exemple : « kuiza/kuyiza » qui se conjugue « ngizidi » pour dire « je » viens d’arriver.
– le préfixe « ni » si la lettre qui suit « ku » est e, b, f, m, p ou v pour désigner le sujet « je« , comme alternative aux cas précédents pour désigner le sujet « je« ,
exemple : « kumona » qui se conjugue « nimueni » pour dire « je » viens de voir.
– aucun préfixe si le préfixe « ku » est suivi d’une consonne pour désigner le sujet « tu »
exemple : « kudia » qui se conjugue « didi » pour dire « tu » viens de manger.
– le lettre « w » si la lettre qui suit le préfixe « ku » est i, e, y ou w pour désigner le sujet « tu« , exemple : « kuiza » qui se conjugue « wizidi » pour dire « tu » viens d’arriver.
– aucun préfixe si le préfixe « ku » est suivi d’une consonne pour désigner le sujet « il/elle »
exemple : « kudia » qui se conjugue « didi » pour dire « il/elle » vient de manger.
– le lettre « w » si la lettre qui suit le préfixe « ku » est i, e, y ou w pour désigner le sujet « il/elle« , exemple : « kuiza » qui se conjugue « wizidi » pour dire « il/elle » vient d’arriver.
– le préfixe « tu » pour désigner le sujet « nous« ,
exemple : « kudia » qui se conjugue « tudidi » pour dire « nous » venons de manger,
exemple : « kuiza » qui se conjugue « tuizidi » pour dire « nous » venons d’arriver.
– le préfixe « lu » pour désigner le sujet « vous« ,
exemple : « kudia » qui se conjugue « ludidi » pour dire « vous » venez de manger.
exemple : « kuiza » qui se conjugue « luizidi » pour dire « vous » venez d’arriver.
– le préfixe « ba » si « ku » est suivi d’une lettre autre que « e » ou « i » pour désigner le sujet « ils/elles« , exemple : « kudia » qui se conjugue « badidi » pour dire « ils/elles » viennent de manger.
– la lettre « b » si « ku » est suivi de l’une des deux voyelles « e » et « i » pour désigner le sujet « ils/elles« , exemple : « kuiza » qui se conjugue « bizidi » pour dire « ils/elles » viennent d’arriver.
1.3.1.3.3. Remarque 3:
S’agissant de la troisième personne du singulier, lorsque le sujet « il/elle » ne désigne pas un humain, le préfixe « ku » du verbe est, suivant l’objet auquel le sujet se rapporte, remplacé par :
– le préfixe « lu » ou par l’une des lettres « d », « k », « w » ou « y » si le sujet est impersonnel ou qu’il se rapporte à une chose que l’on peut remplacer par « ça » et que ce préfixe « ku » est suivi de l’une des deux voyelles « e » et « i », exemple : « kuiza » qui se conjugue « luizidi« , « dizidi« , « kizidi« , « wizidi » ou « yizidi » pour dire « ça » vient d’arriver.
– l’un des préfixes « di », « ki », « ku », « lu », « wu » ou « yi » si le sujet est impersonnel ou qu’il se rapporte à une chose que l’on peut remplacer par « ça »et que le préfixe « ku » est suivi d’une lettre autre que « e » ou « i« , exemple : « kubua » qui se conjugue « dibuidi« , « kibuidi« , « kubuidi« , « lubuidi« , « wubuidi » ou « yibuidi » pour dire « ça » vient de tomber.
De la même manière, en ce qui concerne la troisième personne du pluriel, lorsque le sujet « ils/elles » ne désigne pas des humains, le préfixe « ku » du verbe est, suivant l’objet auquel le sujet se rapporte, remplacé par :
– l’une des lettres « b », « m » ou « z » si le sujet est impersonnel ou qu’il se rapporte à des choses et que le préfixe « ku » est suivi de l’une des deux voyelles « e » et « i« , exemple : « kuiza » qui se conjugue « bizidi« , « mizidi » ou « zizidi » pour dire « ils » viennent d’arriver.
– l’un des préfixes « bi », « ma », « mi » ou « zi » si le sujet est impersonnel ou qu’il se rapporte à des choses et que le préfixe « ku » est suivi d’une lettre autre que « e » ou « i« , exemple : « kubua » qui se conjugue « bibuidi« , « mabuidi« , « mibuidi » ou « zibuidi » pour dire « ils/elles » viennent de tomber.
1.3.1.4. Forme immédiate de la conjugaison d’un verbe au présent avec insistance.
La forme immédiate du présent possède une variante pour exprimer l’insistance que l’on fait sur l’action en cours, elle s’obtient en faisant précéder la forme générale du présent par le radical du verbe.
Pour le verbe « manger » (« kudia »), on obtient la formule suivante :
– (mono) dia ndidi : je viens (effectivement) de manger
– (ngeye) dia didi : tu viens (…) de manger
– (yandi) dia kadidi : il (elle) vient (…) de manger
– (kima) dia kididi : il (elle/ça) vient (…) de manger
– (beto) dia tudidi : nous venons (…) de manger
– (beno) dia ludidi : vous venez (…) de manger
– (bawu) dia badidi : ils (elles) viennent (…) de manger
– (bima) dia bididi : ils (elles) viennent (…) de manger
1.3.1.5. Forme du présent qui marque une habitude.
Pour indiquer une action qu’on a l’habitude d’accomplir, la conjugaison s’obtient à partir de la forme du présent qui dure, en modifiant le radical du verbe par le remplacement de la lettre « a » terminale par le suffixe « anga » et en faisant précéder le résultat ainsi obtenu d’un préfixe de sujet (ni, wu, ka, ki, tu, lu, ba et bi pour je, tu, il/elle, ça, nous, vous, ils/elles et ils), puis en faisant précéder le tout par le radical du verbe non modifié pour obtenir la forme suivante :
– (mono) dia nidianga : (d’habitude) je mange
– (ngeye) dia wudianga : (d’habitude) tu manges
– (yandi) dia kadianga : (d’habitude) il (elle) mange
– (kima) dia kidianga : (d’habitude) il (elle/ça) mange
– (beto) dia tudianga : (d’habitude) nous mangeons
– (beno) dia ludianga : (d’habitude) vous mangez
– (bawu) dia badianga : (d’habitude) ils (elles) mangent
– (bima) dia bidianga : (d’habitude) ils (elles) mangent
1.3.2. Conjugaison au passé :
La conjugaison d’un verbe au passé se fait sous différentes formes qui vont d’un passé proche à un passé lointain, selon que l’action est instantanée (brève) ou continue (durable).
1.3.2.1. Conjugaison assimilable à l’imparfait :
L’imparfait en Kikongo exprime une action qui a duré dans le passé, par conséquent la forme générale de l’imparfait se conjugue sous la forme « être en train de » avec le verbe verbe « être » (« kuba » ou « kukala ») comme auxiliaire. Pour l’obtenir, il suffit de remplacer la lettre « a » qui termine le radical du verbe par le suffixse « anga ».
On obtient alors les formes ci-dessous en fonction de ce que l’on veut exprimer.
1.3.2.1.1. Première forme générale de l’imparfait :
– (mono) nabele/yabele/yakele dianga : je mangeais
– (ngeye) wabele/wakele dianga : tu mangeais
– (yandi) wabele/wakele dianga : il (elle) mangeait
– (kima) kiabele/kiakele dianga : il (elle/ça) mangeait
– (beto) tuabele/tuakele dianga : nous mangions
– (beno) luabele/luakele dianga : vous mangiez
– (bawu) babele/bakele dianga : ils (elles) mangeaient
– (bima) biabele/biakele dianga : ils (elles) mangeaient
1.3.2.1.2. Première forme de l’imparfait avec insistance :
Pour insister sur l’action du verbe, on fait précéder la forme générale du radical du verbe qui apparaît ainsi deux fois, on obtient alors la conjugaison suivante :
– (mono) dia nabele/yabele/yakele dianga : je mangeais (effectivement)
– (ngeye) dia wabele/wakele dianga : tu mangeais (…)
– (yandi) dia kabele/kakele dianga : il (elle) mangeait (…)
– (kima) dia kiabele/kiakele dianga : il (elle/ça) mangeait (…)
– (beto) dia tuabele/tuakele dianga: nous mangions (…)
– (beno) dia luabele/luakele dianga : vous mangiez (…)
– (bawu) dia babele/bakele dianga : ils (elles) mangeaient (…)
– (bima) dia biabele/biakele dianga : ils (elles) mangeaient (…)
1.3.2.1.3. Deuxième forme générale de l’imparfait :
– (mono) mbele/nkele dianga : je mangeais
– (ngeye) bele/kele dianga : tu mangeais
– (yandi) bele/kele dianga : il (elle) mangeait
– (kima) kibele/kikele dianga : il (elle/ça) mangeait
– (beto) tubele/tukele dianga : nous mangions
– (beno) lubele/lukele dianga : vous mangiez
– (bawu) babele/bakele dianga : ils (elles) mangeaient
– (bima) bibele/bikele dianga : ils (elles) mangeaient
1.3.2.1.4. Deuxième forme de l’imparfait avec insistance :
Pour insister sur l’action du verbe, on fait précéder la forme générale du radical du verbe qui apparaît ainsi deux fois, on obtient alors la conjugaison suivante :
– (mono) dia mbele/ nkele dianga : Je mangeais (effectivement)
– (ngeye) dia bele/kele dianga : tu mangeais (…)
– (yandi) dia kabele/kakele dianga : il (elle) mangeait (…)
– (kima) dia kibele/ kikele dianga : il (elle/ça) mangeait (…)
– (beto) dia tubele/tukele dianga: nous mangions (…)
– (beno) dia lubele/lukele dianga : vous mangiez (…)
– (bawu) dia babele/bakele dianga : ils (elles) mangeaient (…)
– (bima) dia bibele/bikele dianga : ils (elles) mangeaient (…)
1.3.2.2. Conjugaison assimilable au passé composé :
Le passé composé en Kikongo exprime une action brève dans un passé récent, par conséquent la forme générale du passé composé se conjugue sous la forme « avoir fini de » avec le verbe « kumana » (finir de) qui en prend le sens et qui sera utilisé comme auxiliaire, ce qui donne comme résultat l’auxiliaire conjugué suivi du radical du verbe.
On obtient alors les formes suivantes en fonction de ce que l’on veut exprimer.
1.3.2.2.1. Forme générale du passé composé :
– (mono) yamene/i dia: j’ai mangé
– (ngeye) wamene/i dia : tu as mangé
– (yandi) wamene/i dia : il (elle) a mangé
– (kima) kiamene/i dia : il (elle/ça) a mangé
– (beto) tuamene/i dia: nous avons mangé
– (beno) luamene/i dia: nous avez mangé
– (bawu) bamene/i dia : ils (elles) ont mangé
– (bima) biamene/i dia : ils (elles) ont mangé
1.3.2.2.2. Forme du passé composé avec insistance :
La forme du passé composé avec insistance s’obtient en faisant précéder la forme générale du radical du verbe et se conjugue de la manière suivante :
– (mono) dia yamene/i//namene/i dia: j’ai mangé (effectivement)
– (ngeye) dia wamene/i dia : tu as mangé (…)
– (yandi) dia kamene/i dia : il (elle) a mangé (…)
– (kima) dia kiamene/i dia : il (elle/ça) a mangé (…)
– (beto) dia tuamene/i dia: nous avons mangé (…)
– (beno) dia luamene/i dia: nous avez mangé (…)
– (bawu) dia bamene/i dia : ils (elles) ont mangé (…)
– (bima) dia biamene/i dia : ils (elles) ont mangé (…)
1.3.2.2.3. Forme du passé composé récent :
– (mono) dia mbeni/nimeni dia : j’ai mangé
– (ngeye) meni dia : tu as mangé
– (yandi) meni dia : il (elle) a mangé
– (kima) kimeni dia : il (elle/ça) a mangé
– (beto) tumeni dia : nous avons mangé
– (beno) lumeni dia : nous avez mangé
– (bawu) bameni dia : ils (elles) ont mangé
– (bima) bimeni dia : ils (elles) ont mangé
1.3.2.2.4. Forme du passé composé récent avec insistance :
La forme du passé composé récent avec insistance s’obtient en faisant précéder la forme du passé composé récent du radical du verbe et se conjugue de la manière suivante :
– (mono) dia mbeni/nimeni dia: j’ai mangé (effectivement)
– (ngeye) dia (wu)meni dia : tu as mangé (…)
– (yandi) dia kameni dia : il (elle) a mangé (…)
– (kima) dia kimeni dia : il (elle/ça) a mangé (…)
– (beto) dia tumeni dia: nous avons mangé (…)
– (beno) dia lumeni dia: nous avez mangé (…)
– (bawu) dia bameni dia : ils (elles) ont mangé (…)
– (bima) dia bimeni dia : ils (elles) ont mangé (…)
1.3.2.3. Conjugaison assimilable au passé simple :
Le passé simple en Kikongo exprime une action instantanée dans le passé lointain, par conséquent le passé simple se conjugue sous les différentes formes ci-dessous en fonction de ce que l’on veut exprimer.
1.3.2.3.1. Première forme du passé simple :
– (mono) yadia/nadia : je mangeai
– (ngeye) wadia : tu mangeas
– (yandi) wadia : il (elle) mangea
– (kima) kiadia : il (elle/ça) mangea
– (beto) twadia : nous mangeâmes
– (beno) lwadia : vous mangeâtes
– (bawu) badia : ils (elles) mangèrent
– (bima) biadia : ils (elles) mangèrent
1.3.2.3.2. Première forme du passé simple avec insistance :
– (mono) dia yadia/nadia : je mangeai (effectivement)
– (ngeye) dia wadia : tu mangeas (…)
– (yandi) dia kadia : il (elle) mangea (…)
– (kima) dia kiadia : il (elle/ça) mangea (…)
– (beto) dia tuadia : nous mangeâmes (…)
– (beno) dia luadia : vous mangeâtes (…)
– (bawu) dia badia : ils (elles) mangèrent (…)
– (bima) dia biadia : ils (elles) mangèrent (…)
1.3.2.3.3. Deuxième forme du passé simple :
– (mono) yakala/nakala dianga : je mangeai
– (ngeye) wakala dianga : tu mangeas
– (yandi) wakala dianga : il (elle) mangea
– (kima) kiakala dianga : il (elle/ça) mangea
– (beto) tuakala dianga : nous mangeâmes
– (beno) luakala dianga : vous mangeâtes
– (bawu) bakala dianga : ils (elles) mangèrent
– (bima) biakala dianga : ils (elles) mangèrent
1.3.2.3.4. Deuxième forme du passé simple avec insistance :
– (mono) dia yakala/nakala dianga : je mangeai (effectivement)
– (ngeye) dia wakala dianga : tu mangeas (…)
– (yandi) dia kakala dianga : il (elle) mangea (…)
– (kima) dia kiakala dianga : il (elle/ça) mangea (…)
– (beto) dia tuakala dianga : nous mangeâmes (…)
– (beno) dia luakala dianga : vous mangeâtes (…)
– (bawu) dia bakala dianga : ils (elles) mangèrent (…)
– (bima) dia biakala dianga : ils (elles) mangèrent (…)
1.3.3. Conjugaison au futur :
En Kikongo, la conjugaison d’un verbe peut se faire sous trois formes différentes en fonction de ce qu’on veut exprimer.
1.3.3.1. Première forme du futur pour projeter l’action expimée par le verbe :
– (mono) ngiena/ngina dia: je mangerai
– (ngeye) wena/wuna dia : tu mangeras
– (yandi) wena/wuna dia : il (elle) mangera
– (kima) kiena/kina dia : il (elle/ça) mangera
– (beto) twena/tuna dia : nous mangerons
– (beno) lwena/luna dia : vous mangerez
– (bawu) bena dia : ils (elles) mangeront
– (bima) biena/bina dia : ils (elles) mangeront
1.3.3.2. Deuxième forme du futur pour insister sur l’action qui doit être accomplie à coup sûr :
– (mono) dia ngiena/ngina dia : je mangerai (certainement)
– (ngeye) dia wena/wuna dia : tu mangeras (…)
– (yandi) dia wena/wuna dia : il (elle) mangera (…)
– (kima) dia kiena/kina dia : il (elle/ça) mangera (…)
– (beto) dia tuena/tuna dia : nous mangerons (…)
– (beno) dia luena/tuna dia : vous mangerez (…)
– (bawu) dia bena dia : ils (elles) mangeront (…)
– (bima) dia biena/bina dia : ils (elles) mangeront (…)
1.3.3.3. Troisième forme du futur pour exprimer une action qui va probablement être accomplie :
– (mono) si nadia: je mangerai (probablement)
– (ngeye) si wadia : tu mangeras (…)
– (yandi) si kadia : il (elle) mangera (…)
– (kima) si kiadia : il (elle/ça) mangera (…)
– (beto) si tuadia : nous mangerons (…)
– (beno) si luadia : vous mangerez (…)
– (bawu) si badia : ils (elles) mangeront (…)
– (bima) si biadia : ils (elles) mangeront (…)
1.3.4. Conjugaison à l’impératif :
En Kikongo, pour conjuguer un verbe à l’impératif, on utilise le radical du verbe que l’on modifie ou non selon la personne concernée par l’ordre, ainsi :
– pour la deuxième personne du singulier, le radical ne subit aucune modification
– pour la première personne du pluriel, le radical est affecté du préfixe « tu » (nous) et d’un suffixe en remplaçant la lettre « a » terminale par « eno »
– pour la deuxième personne du pluriel, le radical est affecté du préfixe « lu » (vous) et d’un suffixe en remplaçant la lettre « a » terminale par « eno ».
Ci-dessous l’exemple de conjugaison à l’impératif qui concerne le verbe « kudia » :
Exemple :
– dia : mange
– tudieno : mangeons
– ludieno : mangez
Un deuxième exemple de conjugaison à l’impératif du verbe « kudisa » (faire manger) avec complément d’objet direct :
Exemple :
– wundisa : fais-moi manger / fais-le manger
– tubadiseno : faisons-les manger
– lundiseno : faites-moi manger / faites-le manger
Lorsque l’impératif exprime un souhait, on fait précéder ces formules par « do » :
Exemple :
– do wundisa : fais-moi manger / fais-le manger
– do tubadiseno : faisons-les manger
– do lundiseno : faites-moi manger / faites-le manger
1.3.5. Conjugaison au Subjonctif:
En Kikongo, la conjugaison d’un verbe au subjonctif dans sa forme générale se fait en remplaçant tout simplement le préfixe « ku » du verbe à l’infinitif par l’indicateur du sujet et en gardant le radical du verbe intact, puis l’on fait précéder le verbe ainsi conjugué par le pronom « que » (« vo »/« ti »).
Exemple: kolia :
– vo/ti nadia/yadia : que je mange,
– vo/ti wadia : que tu manges
– vo/ti kadia : qu’il (elle) mange
– vo/ti kiadia : qu’il (elle, ça) mange
– vo/ti tuadia : que nous mangions
– vo/ti luadia : que vous mangiez
– vo/ti badia : qu’ils (elles) mangent
– vo/i biadia : qu’ils (elles) mangent
Le temps du subjonctif est déterminé par le temps de la conjugaison du verbe qui le précède.
Exemples :
– (mono) nzolele vo (ngeye) wadia : je veux que tu manges
– ngeye wazolele vo mono yadia : tu aurais voulu que je mangeasse
– bawu bazola vo beto tuadia : ils voulurent que nous eussions manger
Outre les conjonctions « vo » et « ti » pour introduire le subjonctif, celui-ci peut aussi être introduit par l’une des conjonctions « kimana », « kidi », « kidimana », « ngatu », « ngati », « ndaki » et « ndiki » qui se traduisent par les locutions conjonctives « afin que » ou « pour que ».
Exemples :
– nzolele vo wanua bilongo biaku kidi (vo) waniaka : je veux que tu prennes tes médicaments pour que tu puisses guérir
– nzolele vo wadia kimana wabaka ngolo : je veux que tu manges pour que tu puisses prendre des forces
– lukoteno mu nzo kidi (vo) lualembo bola ku mvula : entrez dans la maison pour que vous ne puissiez pas être mouillés par la pluie
– lufueti longoka bileso bieno ngati luabaka kizame : vous devez apprendre vos leçon afin que vous puissiez réussir à l’examen.
1.3.6. Conjugaison sous forme interrogative :
En Kikongo, la forme interrogative de la conjugaison s’obtient en reprenant n’importe quelle forme de l’indicatif que nous avons présentée plus haut, la seule différence réside dans l’intonation interrogative qui accompagne cette forme.
Quelques exemples avec le verbe « kudia » :
– dia weti/weta dia ? es-tu en train de manger?
– didi (eh) ? as-tu mangé (viens-tu de manger) ?
– didingi ? avais-tu mangé?
Avec le pronom interrogatif « nki » (« que »), ces exemples deviennent :
– nki weti/weta dia ? qu’es-tu en train de manger?
– nki (wu)didi ? qu’as-tu mangé (que viens-tu de manger) ?
– nki (wu)didingi ? qu’avais-tu mangé?
Il en sera de même avec les autres pronoms ou adverbes interrogatifs tels que « nkia » (« quel »), « kue/kueyi » (« où »), « bue/bueyi » (« comment ») ou « nkia ntalu/ntangu » (« combien/quand »).
1.3.7. Conjugaison au conditionnel :
En Kikongo, la forme conditionnelle est marquée par la présence de l’indicateur de conditionnel « nga » placé devant l’expression du verbe conjugué, cet indicateur est lui-même généralement précédé d’une expression du type « vo »(« si » conditionnel) + (verbe conjugué), ainsi on obtient une phrase du type : vo (verbe conjugué), nga (verbe conjugué au conditionnel).
Exemple: le verbe « kudia » :
vo (dia) didingi nga kubuidi ko : (si tu avais mangé tu ne serais pas tombé)
A noter : pour sa conjugaison, le conditionnel reprend exactement une des formes de l’indicatif que nous avons présentées plus haut au temps qu’on veut, c’est uniquement l’expression « vo (verbe conjugué) » placée devant qui permet de signifier le conditionnel.